Le prix des équilibres

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Au cœur des ruelles labyrinthiques de Makoko, quartier flottant de Lagos, les voix se mêlaient aux klaxons, aux cris des vendeurs, aux sons métalliques des barques qui s’entrechoquaient. Là, tout s’échangeait : produits, religieux, rumeurs. Et c’est dans cette cacophonie vivante qu’Abeni installa son modeste tablette, par-dessous une toile décolorée, avec pour particulière instrument une poignée de cauris disposés dans une toiture ancestrale. En quatre ou cinq journées, elle mit en place ce qui allait être l’un des prestations les plus consultés de la plage : la meilleur voyance audiotel. L’idée était commode. Une ligne téléphonique, normal depuis tout le quartier, relayait la voix d’Abeni dans les oreilles de celui qui cherchaient des explications. Sa voyance ne reposait pas sur des cartes ni sur astros, mais sur la grossièreté des cauris, ces crustacés spirituels utilisés depuis des siècles dans les rituels yorubas. En alliant cette pratique révolue à la pratique locale, elle créa une passerelle inattendue entre le observable et l’invisible. Ceux qui appelaient affirmaient ce fait inespéré d'avoir consulté la meilleur voyance audiotel du marché, captivés par la netteté de ses guidances. Rapidement, les consultations se multiplièrent. Pêcheurs, commerçants, chauffeurs de moto, tous voulaient interpréter les planètes. Chaque consultation devenait un récit. Abeni, sans jamais saillir son net de cible, transformait le confusion urbain en théâtre de la divination. Ses cauris chantaient sur le support de la boussole, révélant le stress suivante, les unions interdits, les chemins à ne pas suivre. Et dans ce marché saturé de paroles, sa voix devint l’écho le plus recherché. Beaucoup prétendaient qu’elle incarnait la meilleur voyance audiotel jamais entendue dans les rues de Lagos. Mais ce qui démarra notamment un bienfait croyante devint bientôt une donnée d’influence. Certains trafiquants commencèrent à faire appel à Abeni évident de déplacer leurs marchandises. D’autres modifièrent leur trafic par rapport à ses suggestions. Sans le choisir de, elle avait écrite un point de bascule. Son assistance de meilleur voyance audiotel agissait désormais sur les flux radiodiffusion du pouvoir local, brouillant les hiérarchies obtenues. Ses messages redessinaient l’invisible et, par répercussion, le réel. Dans les nuits moites, sa ligne ne désemplissait pas. Les cauris continuaient à tomber, forçant des destinées disponibles. Et sur les eaux problèmes de Makoko, Abeni devint plus encore qu’une désinvolte cartomancien : elle devint la voix par auquel passait le devenir. Toujours mystérieuse, mais au cœur de tous les évolutions. La meilleur voyance audiotel, en faisant référence à les aînés, était celui qui ne prédisait d'une part son avenir, mais l’incarnait.

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